Chapitre 2 Les chœurs

La première population à laquelle s’intéresse l’enquête est constituée des chœurs amateurs en exercice (à l’exception des ensembles à vocation purement pédagogique, cf. section 1.2.3.1). Le premier questionnaire était destiné à leurs représentants : responsables associatifs et administratifs. Il s’agissait de faire le point sur leur activité. Qui sont-ils ? Qui rassemblent-ils ? Quels répertoires abordent-ils ? Dans quelles conditions ?…

Toutes ces questions n’ont pas pu être abordées avec le même degré de détail. L’enjeu des choristes qui composent les chœurs en particulier est difficile à cerner dans le cadre d’une telle enquête destinée aux ensemble. Les réponses collectées permettent toutefois de dresser un panorama de la pratique, en termes de la localisation, d’organisation et de répertoire.

2.1 Localisation

Les variables de localisation des chœurs doivent être prises avec précaution. Les conditions de passation de l’enquête ne permettent pas de dresser une cartographie solide de la répartition des pratiques sur le territoire national. En revanche, l’analyse des communes de répétition permet de caractériser l’environnement des chœurs amateurs.

2.1.1 Régions des répondants

Tableau 2.1: Régions des répondants
N = 1 057
Region
Île-de-France 178 (17%)
Auvergne-Rhône-Alpes 157 (15%)
Nouvelle-Aquitaine 100 (9,5%)
Centre-Val de Loire 94 (8,9%)
Bretagne 80 (7,6%)
Occitanie 80 (7,6%)
Bourgogne-Franche-Comté 74 (7,0%)
Pays de la Loire 72 (6,8%)
Provence-Alpes-Côte d’Azur 64 (6,1%)
Grand Est 60 (5,7%)
Hauts-de-France 57 (5,4%)
Normandie 39 (3,7%)
Régions Outre Mer 2 (0,2%)
1 n (%)

Etant donnée la grande diversité des conditions dans lesquelles l’enquête a été diffusée sur le terrain, en particulier en termes de relais locaux (cf. section 1.2.3), l’extrapolation de la distribution des réponses selon la région est difficile. L’enquête donne sans doute un reflet peu fidèle de la répartition des pratiques chorales sur le territoire national. Sans surprise toutefois, les régions d’où proviennent le plus grand nombre de réponses sont les plus peuplées.

2.1.2 Communes où ont lieu les répétitions

Tableau 2.2: Environnement de répétition
Caractéristiques de la commune de répétition N = 1 057
Taille de l’aire urbaine
Hors Unité Urbaine 12 %
Unité urbaine, moins de 50 000 habitants 23 %
Unité urbaine, de 50 000 à 200 000 habitants 14 %
Unité urbaine, plus de 200 000 habitants 33 %
Paris et région parisienne 18 %
Statut de la commune au sein de l’aire urbaine
Hors Unité Urbaine 12 %
Ville Isolée 8,0 %
Banlieue 31 %
Ville Centre 48 %

Les répondants à l’enquête répètent majoritairement en milieu urbain, et particulièrement dans les grandes agglomérations. Au sein de celles-ci, les villes centres sont plus fréquemment le siège des répétitions que les communes de banlieue.

2.2 Caractéristiques

La description des chœurs amateurs peut se faire sur deux plans. Du point de vue de leur organisation, l’enquête permet de cerner un milieu associatif vivace. Du point de vue des individus qui composent les chorales, le format de l’enquête n’est pas approprié pour renseigner précisément le profil des choristes, mais il confirme des tendances déjà observées par ailleurs.

2.2.1 Forme associative, rattachement et fédérations

Tableau 2.3: Organisation des pratiques chorales
Caractéristiques du chœur N = 1 057
Le chœur est constitué en association autonome 87 %
Le chœur est rattaché à une autre structure
Pas de rattachement déclaré 84 %
Rattachement à une structure musicale 9,9 %
Rattachement à une structure non musicale 5,6 %
Le chœur adhère à une fédération chorale 27 %

Le chant choral est très largement une pratique associative. Près de neuf chœurs amateurs sur dix sont constitués en associations autonomes. Par ailleurs, 16% des ensembles sont rattachés à une autre structure. Dans deux cas sur trois environ, il s’agit d’une structure musicale : école de musique associative ou conservatoire le plus souvent, mais également orchestres, structures de production… Un tiers des chœurs rattachés (5,6% du total) le sont à des structures non musicales : structures socio-culturelles, foyers ruraux, CE d’entreprise…

Un quart des chorales amateurs adhèrent à une fédération de chant choral. Les grandes fédérations nationales, À Cœur Joie et la CMF, sont les fédérations les plus fréquemment déclarées7

2.2.2 Composition du chœur

Tableau 2.4: Evolution de l’effectifs des choeurs
Enquête
Etat des lieux 2005 du chant choral, N = 2 533 Enquête nationale 2023, N = 1 057
Effectif des chœurs
Médiane / Moyenne 35 / 40 30 / 35
Étendue 3 - 416 3 - 500

L’effectif des chœurs amateurs varie de quelques chanteurs dans le cadre d’ensembles vocaux de petite taille, à plusieurs centaines. La taille moyenne est de quelques dizaines de chanteurs (35 en moyenne pour l’enquête 2023, la médiane s’établit à 30). Par comparaison à l’enquête d’État des lieux du début des années 2000, la taille des chœurs amateurs a tendance à diminuer.

Afin d’alléger la saisie du questionnaire, en vue de maximiser le taux de réponse à l’enquête, il a été fait le choix de ne pas demander de précisions sur les caractéristiques socio-démographiques des membres du chœurs. La sociographie précise des choristes amateurs, et sa comparaison avec les autres pratiques musicales, reste à ce jour un enjeu peu documenté. Les données disponibles (Donnat 1996; Muller 2005) et l’observation du milieu (Llaty, Brignatz, et Mariottini 2003) convergent pour décrire une pratique chorale très féminisée et moins juvénile que ne le sont les pratiques instrumentales .

L’enquête confirme ce dernier point. Les chœurs étaient interrogés sur les classes d’âges représentées dans le groupe. Les résultats de cette question soulignent que le chant choral concerne en priorité des adultes en cours de vie active, ou à la retraite. Deux catégories d’âges sont dominantes avec les 46-60 ans et les 61-75 ans qui sont respectivement représentées dans 77% et 84% des ensembles répondants.

Réponses des choeurs sur les catégories d'age

Figure 2.1: Réponses des choeurs sur les catégories d’age

Le très faible poids des chœurs accueillant des enfants (moins de 13 ans) et adolescents (13 à 18 ans) s’explique par l’exclusion dans l’échantillon des chœurs à vocation pédagogique (cf. 1.2.3.1). Comme le suggère l’enquête commanditée par À Cœur Joie en 2020, une part importante de ces classes d’âge chante bien en chœur8. Mais la pratique des enfants et adolescents se déploie vraisemblablement dans des contextes différents : éducation nationale, écoles de musique, conservatoires… L’enquête ayant fait le choix de ne pas intégrer ces pratiques à finalité pédagogique, elle ne permet pas d’éclairer ce versant des pratiques chorales.

Il ne faut donc pas conclure que le chant choral ne concerne pas les jeunes. Il reste qu’en tant que loisir musical amateur détaché de considérations éducatives, le chant choral concerne en premier lieux des adultes (en particulier au delà de 45 ans). Ce constat a déjà été formulé. Deux facteurs expliquent ce point : un effet de génération (une partie des pratiquants a découvert le chant choral à l’occasion du développement de ces pratiques dans les mouvements d’éducation populaire, des années 1950 aux années 1980), et un effet d’âge (la pratique chorale est recherchée à des moments de la vie où les individus ont une disponibilité pour une pratique amateur régulière et sont en recherche de socialisation9). Ce constat renouvelé soulève toutefois des questions. Une analyse plus précise de l’évolution des caractéristiques sociodémographiques des choristes sur le long terme permettrait d’évaluer dans quelle mesure le public de cette pratique musicale amateur de masse se renouvelle. À moyen terme se pose la question de l’impact des transformations plus récentes du milieu choral : professionnalisation de l’encadrement des chœurs amateurs (cf. Chapitre 4), mais également intégration du chant choral dans les cursus de conservatoire, et plus récemment dans la sphère de l’Éducation nationale. Dans quelle mesure ces évolutions contribuent-elles à un renouvellement des pratiques chorales ?

2.3 Répertoire

Les questions posées sur le répertoire permettent de cerner le paysage musical dans lequel évoluent les chorales amateurs. Les données confirment les tendances observées au début des années 2000 et illustrent la grande originalité de la pratique chorale par comparaison aux autres pratiques musicales en amateur.

2.3.1 Genres interprétés par les chœurs amateurs

Le répertoire choral est marqué par sa grande diversité. Afin de saisir celle-ci, les chœurs interrogés étaient invités à décrire les genres qu’ils abordent à l’aide d’une série de variables d’échelle. Les résultats de cette série de questions permettent d’appréhender la popularité des différents genres qui composent le répertoire choral (cf. figure 2.2)

Fréquence des différentes catégories de répertoire

Figure 2.2: Fréquence des différentes catégories de répertoire

Deux catégories de répertoires dominent les réponses et sont abordées au moins occasionnellement par 69% des chœurs. D’une part les répertoires “Baroque, classique et romantique” qui recouvrent la majeure partie de la musique dite “classique”10. D’autre part les musiques traditionnelles. Trois catégories viennent ensuite : les musiques anciennes dont le répertoire renaissance qui occupe de longue date une place importante dans le répertoire choral, puis la variété et la musique contemporaine11. Parmi ces genres, la variété occupe une place particulière : c’est celui qui est le plus fréquemment abordé “très souvent voire exclusivement” de tous les styles proposés. Si le Gospel et le negro Spiritual restent proches en termes de fréquence de pratique, le jazz et les musiques improvisées sont en revanche plus confidentiels : c’est la seule catégorie qui est abordée ne serait-ce qu’occasionnellement par moins de la moitié des répondants.

2.3.2 Structure du répertoire choral

Au delà de la fréquence de chaque genre, l’enjeu est de comprendre comment les chœurs amateurs construisent leurs programmes. Pour faire ressortir la structure des pratiques chorales en termes de répertoires, une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH)12 a été réalisée sur les variables de répertoire. Celle-ci permet de faire ressortir trois catégories de chœurs cohérentes du point de vue de leurs programmes.

Tableau 2.5: Classification des répertoires
Catégories issues de la CAH
Répertoires TOTAL (n=928) Savant (n=218, 23%) Populaire (n=360, 39%) Eclectique (n=350, 38%)
Musiques ancienne, médiévale et renaissance 1,30 1,84 0,35 1,94
Musiques baroque, classique et romantique 1,76 2,98 0,33 2,46
Musique contemporaine 1,47 1,93 0,78 1,89
Gospel, Negro spiritual 1,13 0,39 1,24 1,47
Jazz et musiques improvisées 0,67 0,21 0,83 0,78
Musiques traditionnelles et folkloriques 1,56 0,43 1,60 2,23
Variétés françaises et internationales 1,65 0,13 2,61 1,60
Nombre de catégories abordées 4,26 3,42 3,34 5,73
Lecture :
Sur une échelle allant de 0 (jamais), à 4 (répertoire exclusif), les chœurs abordent la musique ancienne à une fréquence de 1,30. Cette fréquence est de 1,84 pour les chœurs de la première catégorie identifiée par la procédure de CAH.

Un quart environ (23%) des chœurs amateurs se spécialisent sur un répertoire dit savant. Ils abordent en priorité l’ensemble des styles musicaux relevant de la musique dite “classique” (au sens large) : Musique ancienne, répertoires savants composés entre le XVIIe et le XXIe siècles.

Un second groupe se spécialise de manière symétrique sur les répertoires de musiques dites “populaires” : en premier lieux les musiques actuelles (variétés), mais également les musiques traditionnelles ou le Gospel et le negro spiritual. À une échelle plus fine, cette catégorie se subdivise en deux sous-groupe relativement cohérents : d’une part les chœurs (majoritaires) dont la spécialisation se fait essentiellement autour de la variété, et d’autre part ceux dont la spécialisation est plus structurée par les musiques traditionnelles, le Gospel et le negro spiritual.

Tableau 2.6: Sous-catégories des répertoires `populaires’
Sous catégories de
répertoires ‘populaires’
Répertoires Ensemble des chœurs de répertoire ‘populaire’ (n=360) Populaire - Variété (n=273, 76%) Populaire - Gospel / Trad (n=87, 24%)
Musiques ancienne, médiévale et renaissance 0,35 0,33 0,41
Musiques baroque, classique et romantique 0,33 0,36 0,23
Musique contemporaine 0,78 0,92 0,31
Gospel, Negro spiritual 1,24 1,06 1,80
Jazz et musiques improvisées 0,83 0,97 0,40
Musiques traditionnelles et folkloriques 1,60 1,34 2,41
Variétés françaises et internationales 2,61 3,30 0,45
Nombre de catégories abordées 3,34 3,57 2,64
Lecture :
Sur une échelle allant de 0 (jamais), à 4 (répertoire exclusif), les chœurs de la catégorie Spécialisée sur la variété abordent ce genre à une fréquence de 3,30.

Une troisième catégorie de chœurs enfin se caractérise par son éclectisme. Ces ensembles abordent en moyenne près de 6 styles différents, qui relèvent aussi bien de la musique dite classique dans son ensemble, que des variétés, des musiques traditionnelles ou du Gospel. Cet éclectisme est une spécificité forte de la pratique chorale. Peu de pratiques musicales amateurs ont cette capacité à s’affranchir des frontières de genre et à se positionner aussi bien sur les répertoires savants que les musiques les plus actuelles. Cette catégorie de chœurs éclectiques était déjà observée au début des années 2000 (Lurton 2011).

2.3.3 Répertoire et environnement des chœurs

L’émergence de catégories de chœurs qui se distinguent par leur pratique de répertoire soulève la question des mécanismes sociaux à l’œuvre. L’absence de données sociologiques précises sur les choristes ne permet pas d’aborder celle-ci de manière frontale. En revanche, la localisation des chœurs nous permet de rapprocher ces pratiques du répertoire des caractéristiques sociales de leur environnement (cf. Tableau 2.7). À défaut de permettre des conclusions tranchées sur les déterminants sociologiques du répertoire des chœurs, ce rapprochement permet d’éclairer certains enjeux et de poser des hypothèses.

La lecture du tableau 2.7 appelle plusieurs remarques. Les caractéristiques de l’environnement de répétition du chœur semblent avoir un impact sur plusieurs enjeux : celui du degré de spécialisation, et celui de la nature du répertoire.

Concernant le degré de spécialisation, les répertoires éclectiques semblent sur-représentés dans les environnements ruraux et de petites villes (moins de 50 000 habitants). Ce rapprochement met en évidence le lien entre recrutement des chorales et spécialisation. Pour pouvoir se spécialiser sur un répertoire donné, un chœur doit être en mesure de rassembler suffisamment de choristes motivés par ce répertoire exclusif, ce qui est plus aisé dans un environnement de grande ville. La grande ouverture du répertoire choral est essentiel pour sa capacité à toucher des territoires moins densément peuplés.

Sur le plan des styles abordés, les chorales spécialisées sur des répertoires savants répètent dans des communes où la proportion de Cadres et Professions intellectuelles supérieures est plus élevée. C’est également le cas, dans une moindre mesure pour les groupes spécialisés autour du Gospel et des musiques traditionnelles. Les chœurs plus centrés sur la variété en revanche sont plus fréquents en environnement rural, et répètent dans communes où la part d’ouvriers et d’employés est la plus élevée. La structuration du répertoire choral met manifestement en œuvre des logiques de distinction (Bourdieu 1979). Cette hypothèse a déjà été émise par ailleurs (Lurton 2011). Etant donnée la complexité de la combinaison des enjeux de genre et de ceux de spécialisation, ces aspects demandent à être étayés par une étude plus précise de l’origine sociale des choristes.

Tableau 2.7: Répertoire et caractéristiques de la commune de répétition
Répertoire du chœur
Caractéristiques socio-démographiques de la commune de répétition Ensemble des répondants, N = 928 Savant, N = 218 Populaire - Variété, N = 273 Populaire - Gospel / Trad, N = 87 Eclectique, N = 350
Taille de l’aire urbaine
Hors Unité Urbaine 12 % 4,2 % 17 % 7,8 % 13 %
Unité urbaine, moins de 50 000 habitants 24 % 20 % 24 % 21 % 26 %
Unité urbaine, de 50 000 à 200 000 habitants 15 % 16 % 10 % 12 % 18 %
Unité urbaine, plus de 200 000 habitants 31 % 36 % 29 % 35 % 29 %
Paris et région parisienne 19 % 23 % 20 % 25 % 14 %
Statut de la ville
Hors Unité Urbaine 12 % 4,2 % 17 % 7,8 % 13 %
Ville Isolée 8,3 % 3,6 % 7,8 % 6,5 % 12 %
Banlieue 30 % 27 % 35 % 31 % 28 %
Ville Centre 50 % 66 % 41 % 55 % 47 %
Part des Agriculteurs exploitants parmi les plus de 15 ans 0,44 % 0,18 % 0,57 % 0,47 % 0,48 %
Part des Artisans, Commerçants, Chefs d’entreprise parmi les plus de 15 ans 3,33 % 3,29 % 3,25 % 3,20 % 3,44 %
Part des Cadres et Professions intellectuelles supérieures parmi les plus de 15 ans 12 % 15 % 12 % 13 % 11 %
Part des Professions intermédiaires parmi les plus de 15 ans 14,33 % 14,26 % 14,67 % 14,60 % 14,03 %
Part des Employés parmi les plus de 15 ans 15,09 % 14,59 % 15,50 % 15,36 % 15,00 %
Part des Ouvriers parmi les plus de 15 ans 10,5 % 9,1 % 11,2 % 10,1 % 10,9 %
Part des Retraités parmi les plus de 15 ans 26 % 25 % 26 % 26 % 27 %
Part des Autres sans activité professionnelle parmi les plus de 15 ans 17,6 % 18,6 % 17,0 % 17,5 % 17,5 %

2.4 Un univers amateur original

Le questionnaire diffusé auprès des chœurs amateurs permet de dessiner le paysage d’une pratique musicale originale. Celle-ci repose à la fois sur l’existence d’un milieu associatif, et sur le rôle structurant d’organisations, musicales ou non (conservatoires, écoles de musiques, associations socio-culturelles). Si les chœurs associatifs sont partiellement structurés par les fédérations nationales, le lien à ces dernières ne concerne pourtant pas la majorité des ensembles.

Si l’écart intergénérationnel tend à se réduire depuis les années 2000(Lombardo et Wolff 2020), les publics juvéniles restent majoritaires parmi les musiciens amateurs. De ce point de vue, le chant choral garde une place à part dans la mesure où il concerne majoritairement des adultes (le constat serait sans-doute moins marqué si les chœurs à vocation pédagogique avaient été intégrés à l’étude). L’enquête confirme également le caractère majoritairement urbain de la pratique.

La diversité du répertoire choral enfin est importante. Il touche à la fois au répertoire savant et aux musiques populaires et actuelles. Certains ensembles peuvent s’engager dans des logiques de spécialisation sur certains genres sous réserve qu’ils soient en mesure de garantir leur recrutement de choristes. Mais à l’inverse, la plasticité du répertoire choral permet aux ensembles de s’adapter à la diversité des attentes des publics. Cette caractéristique de la musique chorale se traduit par une grande diversité des pratiques du répertoire, notamment selon l’environnement des chœurs.

References

A Cœur Joie. 2020. « Chant choral : 5% de la population ». https://www.choralies.org/sondage-2020.
Bourdieu, Pierre. 1979. La Distinction: Critique Sociale Du Jugement. Le Sens commun. Paris: Éditions de Minuit.
Donnat, Olivier. 1996. Les amateurs, Enquête sur les activités artistiques des Français. Paris: La Documentation française.
Llaty, Catherine, Sylvie Brignatz, et Jean-Marc Mariottini. 2003. « "Choisir" ses pratiques culturelles. Une approche ethnologique ». In, 151‑68. Paris: La Documentation française.
Lombardo, Philippe, et Loup Wolff. 2020. « Cinquante ans de pratiques culturelles en France: » Culture études n° 2 (2): 1‑92. https://doi.org/10.3917/cule.202.0001.
———. 2011. « Le Chœur partagé ; Le Chant choral en France, intégration socio-économique d’un monde de l’art moyen ». Thèse de doctorat, Paris.
Muller, Lara. 2005. "Participation culturelle et sportive", Tableaux issus de lenquête PCV de mai 2003. Paris.

  1. Dans la mesure où ces deux fédérations ont été des relais privilégiés pour la diffusion du questionnaires, il est probable que leur poids, et plus globalement la part des chœurs membres de fédérations soient surestimés.↩︎

  2. A Cœur Joie estime à 1,5 millions le nombre de pratiquants du chant choral dans la classe d’age de 5 à 17 ans, soit 15% de cette classe d’age (A Cœur Joie 2020)↩︎

  3. La retraite est de ce point de vue un moment privilégié mais il n’est pas le seul : études, déménagements, autonomie des enfants… sont des occasions de découverte de la pratique chorale (Lurton 2011).↩︎

  4. Musique classique au sens large du langage commun, par opposition à la “période classique” de l’histoire de la musique qui couvre la seconde moitié du XVIIIe siècle. La question faisait référence à la période classique (sens restreint) mais il n’est pas exclu que cette catégorie soit surévaluée si des répondants y ont intégré d’autres styles de “musique classique” (au sens large). On pense en particulier au répertoire renaissance qui aurait pu être agrégé à cette catégorie au lieu d’être mentionné en “Musiques anciennes”.↩︎

  5. Là encore, il n’est pas exclu que cette catégorie soit surévaluée : une partie des répondants peut avoir considéré comme “contemporain” du répertoire de variété.↩︎

  6. Cette procédure permet d’établir une typologie des chœurs amateurs en s’appuyant sur la façon dont ils abordent ou non les différentes catégories de répertoire : les chœurs sont rassemblés en catégories en fonction de la similarité des réponses qu’ils ont apportées. La CAH a été réalisée sur la base d’une distance Euclidienne calculée à partir des différentes variables d’échelles.↩︎